Paris ou le broyeur social.

On en parle peu mais Paris est un broyeur social. Quand on arrive de notre petite province ou le lien social est très fort, Paris ressemble à un destructeur de tout ce qu’on connaissait auparavant. Facilité à se créer de nouveaux contacts, via le réseau d’amis déjà établis, en faisant des activités extra, ou même en discutant avec quelqu’un dans la rue ou dans un bar. Le contact est simple, limpide, détendu sans la moindre appréhension par rapport à cet autre, inconnu. En fait comme on vit dans la même ville, on parle le même langage, pas besoin de décodeur ni de digicode. Tout le monde connait quelqu’un, qui via une autre personne te connait.

Quand je suis arrivé à Paris, j’ai eu l’impression d’être jeté de force dans une machine à laver, à Paris le contact avec autrui est très difficile, voire inexistant, le rapport de confiance est remplacé ici par le rapport de méfiance. A peu près tout le monde te regarde de travers quand avec tes coutumes de provinciaux, tu tentes de mettre à mal la dépouille sociale, ou tant de gens se confortent à tenir cette règle invisible mais bien présente en éveil.

Avec pour mantra « ne t’approche pas trop près d’une personne que tu ne connais pas, ça pourrait être un tueur en série » Paris on pourrait croire que c’est facile de se faire des contacts car il y a du monde partout, mais il faut s’armer de patience et d’ingéniosité pour espérer avoir grâce aux yeux de quelqu’un.

Comme le masque de Mike Myers (tueur increvable d’Halloween) ferait fuir n’importe quel Parisien qui se respecte ou si va adopter le masque de n’importe quel super héros, il prendrait ça pour de la gentillesse mal placée, vaut mieux rester soi-même et trouver quelques mohicans prêts à trahir le pacte sacré du Parisien, « tu ne sympathiseras point »

Paris est un broyeur social car il favorise le bon vieux métro boulot dodo. Même Cendrillon en ferait des cauchemars, avec la fermeture du métro à minuit presque pétantes.

En effet se loger, manger, s’équiper coute une fortune, donc à part gagner à l’Euro Millions ou être le fils de Sarkozy, impossible de vivre dans Paris. A part si tu aimes vivre collé serré avec ta compagne dans un 15 mètres carrés aux allures de chambre de bonne avec pour seul lumière, un vasistas.

Tu t’éloignes donc de Paris, avec un sacrifice, important à faire, ton temps. Tu passes donc 10, voir 15 heures dans les transports chaque semaine. Que nenni, de parler à ton voisin pendant ton trajet, il est bien trop occupé à regarder la dernière série Netflix sur son Smartphone, les fameux réseaux de pickpockets du métro parisien se régalent. Quelques autres répondent à l’appel du livre. Mais une constante est frappante, on dirait que les gens croient que sourire ou être de bonne humeur est passible d’une amende. Normalement il y a toujours quelques réfractaires à la loi, ici ils sont tous au garde à vous. Elle doit être sacrément salée l’amende pour que personne ne moufte. Même les bébés se mettent au diapason

 Il est donc inconcevable d’aborder une personne dans cette déferlante de mauvaise humeur.

Ensuite on passe 10 heures au travail, entre ceux qu’on doit vouvoyer car ils se prennent pour le roi d’Angleterre, ceux qui ne veulent pas mélanger les moutons avec les cochons et les faux culs qui te sourient mais dès que tu as le dos tourné font leur langue de vipère, rencontrer des collègues bienveillants et sincères ressemblent à un labyrinthe sans fin.

Tu rentres chez toi, tu es passé dans l’essoreuse par cette journée ou tu n’as fait que croiser des gens tous droits sortis de Massacre à la Tronçonneuse, tu n’as plus qu’envie d’aller te coucher.

Vu que ton salaire n’est absolument pas en adéquation, tu évites de trop manger dans le petit restaurant bien sympa. Et oui tu as acheté trop de légumes ce mois-ci. Ce soir, ça sera pâtes au beurre pour tout le monde. Et peut être demain tu seras au même régime. Et oui on est le 15 du mois et tu es à découvert.

Hors de question donc d’aller au Théâtre, au cinéma ou voir un évènement sportif le week end. Tu favorises les balades dans les parcs ou tout autre activité gratuite. Aurevoir ta seule chance de rencontrer du monde, bienvenue à Paris, cette ville qui fait rêver tant de touristes du monde entier, mais qui broie l’espoir de liens sociaux.